Cohen : le débat sur la sécurité n'est pas celui des laxistes de gauche contre les sécuritaires de droite

SOCIÉTÉ. P-cohen-01nin Lever de boucliers. Le maire socialiste de Toulouse Pierre Cohen répond ce mercredi dans Libé Toulouse à la proposition du ministre de l’industrie Christian Estrosi de sanctionner les maires défaillants sur les questions de sécurité. Entretien



LibéToulouse : En matière de sécurité intérieure, vous parlez "d’échec de la politique du gouvernement".

Pierre Cohen : Sarkozy ne parle que de délinquance et de renforcement de la répression. C’est une vision fausse comme il est faux de dire qu’il suffit de faire peur aux délinquants pour les empêcher d’agir.

En réalité, nous sommes dans un phénomène de violence généralisée. Les rapports entre les gens sont de plus en plus exacerbés, quelle que soit les générations et les origines sociales. En focalisant sur la délinquance dans les quartiers difficiles, on passe  à coté de la prévention et du traitement de cette violence.

Le renforcement de la sanction ne fera pas reculer la violence. Les grands délinquants savent très bien ce qu’ils encourent. Ils n’ont pas peur de la prison. Attention ! Cela ne veut pas dire que je suis contre la sanction. Celui qui commet un délit doit être puni. Mais ce n’est pas en construisant plus de prison et en installant plus de caméras de vidéosurveillance que l’on traitera les causes de cette violence.

Conseils Locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, office de la tranquillité, police municipale, police nationale, justice, agents de médiation : la coordination entre ces structures est-elle efficace ?

Pierre Cohen : Pas suffisamment. Surtout lorsqu’il s’agit d’être réactif. Pour cela, nous avons besoin d’un pool d’élus et d’intervenants de l’Etat qui puisse agir dans l’urgence dés qu’un problème est identifié. Cette cellule sera mise en place dés la rentrée au sein de la Mairie de Toulouse.

"Chiche ouvrons le débat" : votre réponse à Christian Estrosi ne jette-t-elle-pas de l’huile sur le feu?

Pierre Cohen :
Non. Quand je lui réponds "Chiche, ouvrons le débat sur la responsabilité entre maires et Etat", c’est pour signifier que ce débat n’est pas celui des laxistes de gauche contre les sécuritaires de droite. En posant les choses ainsi on se détourne de la vérité et de la recherche de solutions efficaces.


Propos recueillis par Jean Manuel Escarnot

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