Quand Manuel Valls enlace Jérôme Cahuzac

Manuel Valls et sa femme Anne Gravoin lors de l'enterrement.

AFP PHOTO JOEL SAGET

Il est 13h10, ce lundi 3 juin, au cimetière de Montmartre. Un dernier hommage vient d'être rendu à Guy Carcassonne, ancien conseiller ministériel de Michel Rocard, constitutionnaliste reconnu et père de famille, décédé le 26 mai dernier. Jérôme Cahuzac, un ami intime, a sangloté sans retenue durant la cérémonie. Il se tient maintenant à l'écart, presque immobile, dans une contre-allée non loin du corbillard. Seul. A l'abri des photographes qui, plus tôt pendant les discours, n'avaient d'yeux que pour lui.

Un peu plus loin, à peine une quinzaine de mètres, les gens s'embrassent, se consolent. Il y a là Valérie Trierweiler, Edouard Balladur, Michel Sapin, Jean-Louis Borloo ou Christiane Taubira. Soudain, un homme se détache du groupe et s'approche de l'ancien ministre du Budget. Il l'enlace, l'embrasse affectueusement. C'est Manuel Valls.

Pourtant, deux jours après les aveux devant la justice de Jérôme Cahuzac, le 2 avril dernier, le ministre de l'Intérieur déclarait durement, sur BFM TV, "ne plus avoir envie de parler" à l'homme du compte en Suisse: "Parce qu'il m'a trahi, parce qu'on se sent sale, parce que la démocratie a été bafouée." Deux mois plus tard, un mort rapproche les deux hommes. Au terme d'un moment poignant, face à un homme visiblement effondré, Manuel Valls a préféré la miséricorde à la rancune. Et c'est une accolade sincère qu'ont échangé ces anciens collègues du gouvernement. Sur l'air entêtant et mélancolique de Sixto Rodriguez, Sugar man, qui s'échappait doucement des enceintes

 

Retour à l'accueil