mai 2012

Manuel Valls, ministre partisan d’une « laïcité exigeante »

Nommé ministre de l'intérieur, Manuel Valls sera aussi en charge des cultes. Le maire d'Evry est l’un des rares responsables socialistes à avoir pris des positions tranchées sur des dossiers récents liés à la laïcité et à l’islam.

Il fut en 2010 l’un des quatorze députés socialistes à voter la loi interdisant le voile intégral dans l’espace public. A plusieurs reprises, il a apporté son soutien public à la directrice de la crèche Babyloup opposée en justice à l’une de ses salariées portant le foulard islamique. Il s'est aussi prononcé pour l’interdiction faite aux mères voilées d’accompagner les sorties scolaires, défendue par le précédent gouvernement et actée dans la circulaire de rentrée 2012. Ces prises de position lui valent une image négative dans la communauté musulmane.

Sans complexe

Son intérêt pour les questions de laïcité est ancien. Maire d’Evry depuis 2001, ville où se côtoient de nombreuses communautés religieuses, il a publié en 2005 un ouvrage d’entretien sur ces sujets, La laïcité en face (Desclée de Brouwer), dans lequel il plaide pour une révision de la loi de 1905, estimant qu’elle est régulièrement détournée.

C’est à lui aussi, qu'est revenue, en pleine campagne électorale, la charge de s’adresser à la communauté juive, réunie à Paris lors d’une journée du consistoire, le 18 mars. Il avait profité de l’occasion pour rappeler sa conception de la laïcité. "La laïcité, avait-il assuré, n’est pas la négation du religieux, ce n’est pas la fermeture au sacré et au spirituel. La laïcité est un équilibre permanent et difficile entre la neutralité de l’Etat, la liberté de conscience et le pluralisme ». Selon lui, le seul qualificatif qui puisse être accolé à la laïcité est l’adjectif « exigeant », car « la laïcité est un principe avec lequel on ne transige pas ».

Certains de ses interlocuteurs religieux d’Evry voient en lui un « laïque acharné »; d'autres un homme farouchement opposé au communautarisme, pour qui « les religions peuvent avoir une place symbolique dans la vie de la cité, mais pas plus ». « Alors que face à l’islam les hommes politiques français ont tendance à en faire trop ou pas assez, Manuel Valls est moins complexé », résume un de ses interlocuteurs.

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