Martine Aubry (sur le départ ?) a ainsi présenté une feuille de route stipulant clairement que le

Parti socialiste se devait de soutenir l’action du gouvernement.

Cet esprit collectif marque la maturité d’un parti qui veut sortir de sa logique d’opposition

pour devenir un parti de gouvernement responsable.

Apparemment ce changement de logiciel n’a pas été intégré par tous ceux qui

instrumentalisent le démantèlement des camps de Roms afin de tenter de déstabiliser le

Ministre de l’intérieur.

Faut-il ouvrir une session de rattrapage à ces universités d’été pour ceux qui n’ont pas

compris que leur posture idéologique affaiblit la politique du changement initiée par le

gouvernement de Jean-Marc Ayrault ?

En effet, Manuel Valls est aujourd’hui une pièce maitresse de ce gouvernement qui a saisi que

la sécurité et l’ordre ne sont pas antinomiques d’une politique humaine et sociale. Il ne faut

pas faire l’un ou l’autre mais l’un

et  l’autre.

Cependant la ligne de crête entre ordre républicain et justice est un chemin étroit et difficile

mais absolument nécessaire pour nous mener à ce « vivre ensemble » qui est au coeur des

valeurs de la gauche.

Une minorité de gauche reproche à Manuel Valls d’utiliser le démantèlement des

camps de Roms pour mettre en exergue sa politique de fermeté. Que dire alors de cette gauche

bien-pensante qui instrumentalise cette polémique pour se faire entendre sur la scène

politique ? Cherche-t-elle à aider ses populations en difficulté ou à exister médiatiquement en

jouant de manière simpliste et dangereuse sur les bons sentiments ?

Si le locataire de la place Beauvau se souciait uniquement de se construire un destin nationale

à travers le costume du 1

er flic de France, il aurait très bien pu fermer les yeux sur les

conditions de vie insupportables de ces populations discriminées, humiliées et parquées dans

de véritables bidonvilles sans eau, ni électricité. Dans certains de ces camps, Médecin du

monde a même constaté une recrudescence des cas de tuberculose.

La République peut-elle accepter cela ? Non !

N’oublions pas non plus que M. Valls a agi suite à des décisions de justice. Que dirait-on si le

Ministre de l’intérieur se permettait de refuser de mettre en application un jugement ?

Nous sommes dans un Etat de droit qui impose au pouvoir exécutif de respecter les décisions

de justice.

La République irréprochable voulu par François Hollande passe aussi par là.

Il est aussi curieux que peu de personnes mentionnent les consignes données par le Ministre

de l’intérieur dans le cadre du démantèlement de ces camps illégaux et insalubres. En

concertation avec les élus locaux et les associations, les préfets se doivent de proposer aux

personnes les plus fragiles (enfants, femmes enceintes…) des logements d’urgence.

Quand on fait appel à la morale encore faut-il faire preuve d’honnêteté intellectuelle !!

Certes François Hollande avait promis, durant sa campagne, une solution de relogement pour

les personnes expulsées. Cela reste toujours un objectif du gouvernement mais celui-ci ne

peut être tenu seulement 3 mois après l’arrivée de la gauche au pouvoir alors que la

problématique des Roms existe depuis des décennies.

Il faut donner du temps au changement mais en attendant nous ne pouvons pas laisser sans

réponse des riverains excédés par des occupations illicites de terrains. Cette petite frange de la

« gauche des bons sentiments » ne doit pas oublier que ces campements s’installent, le plus

souvent, dans des quartiers déjà en difficulté. Ce sont donc les couches populaires qui sont

touchées dans leur vie quotidienne. Comment lutter efficacement contre le chômage en

améliorant l’attractivité de certains quartiers de banlieue quand ceux-ci sont confrontés, de

surcroît, à la présence de campements de Roms ?

La véritable réponse aux problèmes des Roms ne peut s’appréhender qu’à l’échelle

européenne. Manuel Valls se rendra très prochainement en Roumanie et en Bulgarie afin de

rappeler leurs obligations à ces deux gouvernements respectifs concernant la protection de

cette minorité.

La Commission européenne doit prendre le sort de cette minorité à bras le corps. La France

doit ainsi inciter les instances de l’Union européenne à se montrer plus ferme, à exiger que les

subventions européennes qui ont été allouées à ces deux états en faveur de l’intégration des

Roms le soient effectivement.

Pour finir, ceux qui confondent la politique menée par M. Valls à celle de la droite sarkozyste

n’ont pas su décoder la perversité du message sécuritaire des précédents locataires de la place

Beauvau. En effet, suite au discours de Grenoble, la droite a tenté de faire un amalgame

écoeurant entre immigration irrégulière et délinquance voire entre immigration et insécurité.

Manuel Valls n’a jamais fait cela !

Ceux qui s’attaquent au Ministre de l’intérieur s’attaquent, de fait, au gouvernement et donc

freinent le changement que les Français ont appelé de leurs voeux. D’ailleurs le Président de la

République, le 1

er Ministre et l’ensemble des membres du gouvernement lui ont apporté un

soutien sans faille.

De même, une grande majorité des militants de gauche ont compris l’action de Manuel Valls

qui a reçu une standing ovation à l’occasion de son discours de La Rochelle.

La gauche est forte et peut changer la société quand elle est capable de faire la synthèse entre

l’ordre républicain et la justice sociale. C’est aussi cela le double héritage de Clémenceau et

de Jaurès.

Jean-Philippe Tavares

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